Linus Schütz de Pixabay 

Il fallait bien que cela arrive un jour ... Heureusement ni trop tôt, ni trop tard pour profiter de la magie et de sa candeur.

Ca y est, notre fille connaît le secret concernant le Père Noël. 

Alors avec 7 Noëls pleins de magie au compteur, je reviens sur notre expérience : avant, pendant et la gestion de l'après découverte. 

Son premier Noël 

Comme une évidence, et parce que nous avons adoré croire au Père Noël, nous avons souhaité faire vivre cette magie du gros barbu bienveillant qui offre des cadeaux.

Notre fille n'a jamais apprécié les photos en sa présence. Il faut dire qu'il impressionne. 

Bien que n'ayant que cinq mois, nous avions rédigé pour elle une lettre adressée au bureau des lutins à la fois en France, mais aussi à Rovaniemi en Finlande, en Norvège et au Canada. On ne fait pas les choses à moitié ! - riires - 

Nous avons conservé un double de la missive et collé les réponses des lutins dans un album photo consacré aux souvenirs de Noël. 

Nos familles ont également fait vivre la magie de Noël et à ce jour personne n'a jamais fait d'impair (ou alors minime et vite rattrapable). 

Les Noëls suivants 

Le nez collé aux vitrines animées des Galeries Lafayette et du Printemps, le goût prononcé pour le chocolat chaud Angélina, les spéculos, le pain d'épices, une folle envie de tourner les pages de dizaines de livres de Noël, la joie de s'amuser dans la neige, de décorer le sapin et le voir clignoter, déposer sa lettre dans "notre" boîte aux lettres spéciale, le stress de croiser le Père Noël pendant la livraison (et aussi de savoir que la porte resterait ouverte), la découverte des cadeaux, l'émerveillement, des réveillons à Disneyland Paris... la magie de Noël à travers les yeux de son enfant. 

C'est à l'école qu'entre un spectacle de Noël et la visite d'un faux Père Noël (il ne faut pas nier l'évidence, un jeune homme de 20 ans au ventre plat et avec des baskets aux pieds ça nee convaint pas les enfants) des petits copains de maternelle ont commencé à semer le doute. "Le Père Noël il existe pas et nanana". C'était facile de stopper la rumeur, c'était les mêmes teignes qui embêtaient toute l'école. 

Puis en CP, on a serré les dents. Ca allait être la dernière année. Bizarrement, personne n'a bronché. Soit quelques uns avaient compris qu'il y avait anguille sous roche et se taisaient, soit ils étaient vraiment bisounours. 

En CE1, là on s'est dit que ça allait vraiment être la dernière année. Quelques bruits de couloir nous ont conduit à devoir balayer d'un revers de main la fameuse question "c'est vrai ou c'est pas vrai qu'il existe pas ?". Restons dans le flou, il existe des livres, on poste notre lettre, on reçoit une réponse, la maîtresse parle du Père Noël (si tu ne le sais pas la maîtresse à ce pouvoir de détenir toujours la vérité - rires - ) ... et hop c'est passé comme une lettre à La Poste justement.

Attendre le bon moment 

En ayant réponse à toutes ses questions embarrassantes, le Père Noël ne pouvait qu'exister. Et seuls les copains de classe pouvaient tenter de la ramener à la raison mais sans argument qui tienne la route. Alors forcément, on ne savait pas quand on aurait à l'entendre nous dire "je sais qu'il n'existe pas" ou "j'ai compris que ça ne pouvait pas être possible". 

Finalement elle n'aura pas eu de phase de transition où le doute s'installe, les preuves s'accumulent et où on arrive penaud(e) en disant "sois pas triste mais je suis grand(e), je sais". 

Il y a dix jours, le sujet hors saison du Père Noël est revenu hanter la cour de récré (c'est tellement de saison à Pâques - rires -). On a eu des échos et forcément c'est aussi revenu sur le tapis à la maison. Rester évasifs n'a pas suffit, le sujet est revenu le lendemain et le surlendemain sans qu'elle ne manifeste une réelle conviction, seulement nous seriner que Z. a dit que c'était les parents et qu'on fête la naissance de Jésus et que N. et E. ont dit que oui, c'était les parents et que si on y cryait on était des bébés".

Et si en décembre nous tenions à la voir vivre ce dernier Noël en toute innocence, là on a cédé. La révélation était un rempart pour ne pas qu'elle se fasse montrer du doigt comme le gros bébé qui croît au Père Noël (mais à ce jour, d'autres parents ont joué les carpes). 

Alors on a attendu que le sujet revienne (on aurait préféré un autre moment que le dimanche à 21 heures - soupir -), on a sorti la boîte à mouchoirs et je me suis lancée. D'après l'Amoureux j'ai géré comme une cheffe. 

Le monde s'écroule, atterrissage en douceur

Vous aurez peut-être relever que je n'ai pas utilisé les termes "mensonge" ou "vérité". 

Pour nous Noël est une fête pour les enfants et on fait tout pour les faire rêver, transmettre et faire vivre la magie de cette parenthèse enchantée de l'année.

Alors il n'a pas été question de la prendre entre quatre yeux et lui dire "c'est pas vrai, c'est un mensonge, il ne faut faire confiance à personne dans ce monde de brutes, ce n'est qu'une fête commerciale qui pousse à la surconsommation pour petits occidentaux déjà pourris gâtés toute l'année". 

Lui rappeler tout le plaisir qu'elle a pris à lire les contes, à découper les catalogues de jouets, à l'imaginer, à lui choisir un encas pour accompagner le verre de lait, à acheter des carottes fans pour les rennes, à le remercier, et toute l'année à imaginer son planning ...

Que c'est une belle histoire, si belle que les parents ont envie de la faire connaître et partager des moments magiques ...

Qu'à présent, elle aussi aurait ce pouvoir de faire perdurer cette tradition, tenir le secret face aux plus petits, concocter des surprises, prendre le temps de réfléchir aux cadeaux à créer ou à acheter ...

Feuilleter l'album de ses sept Noëls a été une soupape, un moyen tangible d'avoir sous les yeux et dans ses mains les preuves que toutes les personnes bienveillantes autour d'elles et des anonymes ont eu mis coeur à faire vivre la magie pour l'émerveiller. Ouvrir une à une les lettres adressées en doublon aux lutins, lire les réponses, ouvrir les cartes de voeux de nos familles, voir les photos, redécouvrir avec fortes émotions les découpages de catalogues collés sur les lettres ...

Bien sûr il y a eu des mouchoirs froissés, de chaudes larmes puis des éclats de rire. Entre la crainte que tout soit fini, le plaisir non dissimulé de se moquer de moi avec ma lettre adressée au Père Noël en 2018 pour lui prouver que nous lui écrivons aussi, ce qui m'a valu "mais pourquoi lui écrire alors que c'est toi qui fait les cadeaux ?". Ca a désamorcé la situation. Le sommeil fut difficile à venir. 

L'après et la promesse de rêver toute sa vie

Le soir même entre rires et larmes on a eu droit à "donc la télé dans ma chambre c'est même plus la peine que je le mette sur ma liste". NON !

"Et la Nintendo Switch, y a encore espoir ou c'est pareil". Hummm, un jour, quand elle sera en vente sur leboncoin à 10 € car tu auras 10 ans de plus. Gniak, gniak, gniak, gniak ! Humm on verra. 

Le lendemain, le sujet de préoccupation restait la console ... no comment ! Mais c'était un moyen de faire la grande. 

Et hier nous avons reçu la réponse du Père Noël, sa lettre provenant de Rovaniemi en Finlande. Après lui avoir traduit le long texte rédigé en anglais, le sourire aux lèvres elle m'annonçait que ça ne serait pas mal de programmer un séjour au Cercle Polaire, et que désormais elle n'aurait plus la trouille de rencontrer le vrai Père Noël. 

Santa television

Le prochain Noël ? 

Nous continuerons d'écrire aux quatre secrétariats du Père Noël, de prendre la photo annuelle devant la boîte aux lettres fétiche, de préparer les fêtes ... et je réaliserai encore les emballages toute seule pour qu'elle ait l'effet de surprise. Ce sera différent (elle va nous tanner pour savoir si elle aura les cadeaux de sa liste), mais elle mettra tellement de coeur à l'ouvrage pour fabriquer des cadeaux et raconter aux plus petits que le Père Noël va venir les gâter, que ce sera forcément chouette. Différent mais toujours magique. 

Jamais nous n'aurions voulu lui gâcher le plaisir d'avoir en tête ce personnage fabuleux. Et plutôt qu'un seul Père Noël qui existe, c'est encore mieux que tout le monde puisse en être un pour les autres.